lundi 28 avril 2014

Brocante au pied du Phare

 
Ce dimanche 26 avril, se tenait la brocante de quartier au pied du Phare.
Le soleil et la bonne humeur étaient au rendez-vous pour la quarantaine de participants.

 










Il y a un an, le jardin des Deux Cerisiers prenait vie grâce à quelques courageux du quartier Langeveld. Aujourd’hui, sous ses belles couleurs printanières, il était le centre des festivités avec le placement récent du tore de l’artiste Diord.









Les scouts du Rosaire proposaient dans leur stand, boissons et collations dans une agréable odeur de pop-corn.

C’était l’occasion pour le Phare de donner quelques informations et flyers sur les évènements du moment.














samedi 26 avril 2014

le zeste qui compte : expos et réflexions sur la souveraineté alimentaire


Avec « Le zeste qui compte », PointCulture propose de s’informer, réfléchir et s’amuser sur le thème de l’alimentation grâce à une sélection de formes et de propos variés, de l'enquête au documentaire sonore, des chants de travail au cinéma, des interviews aux textes de réflexion : une publication conçue pour déconstruire, reconstruire, réinvestir l’imaginaire de la nourriture et se réapproprier les représentations afin de retrouver le goût du choix et le plaisir du goût.

Point Culture organise, de février à juin, une exposition itinérante et un rendez-vous mensuel pour découvrir un film, discuter avec nos invités et parfois se prêter aux plaisirs d'une dégustation. Ces projections et échanges participatifs seront autant d'occasions de donner du sens à notre collection audiovisuelle et au travail que nous faisons sur elle en créant des liens avec des enjeux de société et des initiatives locales dont sont porteurs les asbl, réalisateurs et intervenants invités.


A Uccle, au PHARE, l'événement se déroule du 1er mai au 31 mai autour de plusieurs activités.

photo de Uli Westphal
Durant le mois de mai, Uli Westphal présente "Mutato project", une exposition photographique qui constitue un véritable défi à la standardisation industrielle des produits agro-alimentaires. Les fruits et légumes s'y présentent dans une liberté totale de formes, de couleurs et de textures qui - bien qu'ils soient tout à fait comestibles - sont absents des étalages de nos supermarchés.



Le vendredi 16 mai : après un accueil, à 19 h, par diverses organisations ou collectifs engagés sur les question de souveraineté alimentaire et la présentation de la brochure "le zeste qui compte", publié par Point Culture aura lieu, dès 19 h 40, la projection du film " Vers un crash alimentaire". Nourrir les hommes ou l'économie ?  est le questionnement central de ce documentaire choc, de Yves Billy et Richard Prost, sur une crise alimentaire généré par la production d'agro-carburant et la spéculation sur les produits agricoles : baisse des stock mondiaux des céréales, famine dans les pays producteurs, hausse du prix des matières premières, raréfaction de l'eau et des surfaces arables, épuisement des sols. Le film sera suivi, à 21 h, d'un échange participatif avec le public, mené par "Rencontre des continents" et le CNCD 11.11.11. où seront explorées des pistes concrètes pour changer le système agricole et alimentaire actuel.

le samedi 17 mai : un atelier-réflexion sur le thème de la viande se déroulera en matinée de 10 à 13 h 30.. En cause la production intensive de viande. Au delà de la question éthique de la souffrance animale, on tentera de comprendre les dimensions environnementales, économiques et culturelles de la production de viande en en soulignant les implications environnementales et sociales. On abordera la question des alternatives et la manière dont on peut collectivement se réapproprier notre modèle alimentaire au niveau citoyen et politique. Le film "LoveMEATender" et "le Jeu de la ficelle de la viande" sotn projetés en support des ateliers.

A partir du 12 jusqu'au 17 mai : exposition des caricatures de Pierre KROLL, qui illustre avec l'humour décapant qu'on lui connaît, les campagnes du CNCD-11.11.11. A coups de crayon corrosifs, le dessinateur montera à l'assaut des spéculateurs sur les denrées alimentaires, des entreprises accapareuses des terres et des industriels producteurs d'agro-carburants

Le tout avec le soutien de l'Echevin de la Culture et du Collège du Bourgmestre et Echevins d'Uccle



mercredi 9 avril 2014

Musique et cinéma

La musique a toujours accompagné le cinéma, peut-être pour étouffer le bruit des projecteurs dans la salle, mais surtout pour donner du sens aux images muettes qui s'agitaient sur l'écran du cinéma d'antan. La sonorisation du cinéma passa d'abord par la musique avant la parole et le bruitage... mais les relations entre le cinéma et la musique sont plus complexes qu'il ne parait. La médiathèque du PHARE met en exergue une abondante sélection de films où la musique prend toute son importance.

"Dès les temps héroïques, on s'est efforcé d'affranchir le cinéma de son silence inné" écrit Kracauer dans sa "Théorie du film". On a oublié aujourd'hui l'expérience de l'image muette, animée sur un écran de toile, depuis les baraques foraines au temps des Frères Lumières jusqu'aux luxueuses salles de l'âge d'or du cinéma muet. Certes un bonimenteur pouvait commenter en public les images, on se livra à des tentatives de sonorisation via des enregistrements phonographiques plus ou moins synchronisés, mais le plus souvent un pianiste accompagnait le film, en improvisant ses thèmes en fonction du déroulement de l'intrigue. Les oeuvres (et les salles) les plus prestigieuses se voyaient doté d'une orchestration complète. On comprit rapidement que la musique renforçait l'efficacité de l'image, mais comment ?





Pour rendre le spectateur totalement disponible aux images projetées sur l'écran, il faut abolir la distance qui le sépare de ces spectres animés du monde réel. Il y avait sans doute un paradoxe, ou une ironie sous-jacente, à accompagner le défilement des ombres cinématographiques, parfois dramatiques, tragiques, angoissante, d'une mélodie quelque peu stéréotypée, de relevant de l' easy listening, analogue à la musique lénifiante de bar ou de restaurant, de celle qui veille à ne pas interrompre les conversations. L'intention musicale au cinéma est cependant toute autre, elle vise à l'immersion, à plonger le spectateur dans l'intrigue, en se faisant l'exact contrepoint des émotions que l'image devrait susciter. Dans ses formes les plus abouties, la sonorisation du film muet réintroduisait le bruitage par la musique : les compositions de Edmund Meisel pour "le Cuirassé Potemkine" de Eisenstein, en 1925 en témoignent.

La musique cinématographique commente le film, "elle reformule dans son langage propre, certaines atmosphères, tendances ou significations des images qu'il accompagnent". Tout spectateur garde en mémoire les leitmotivs exotiques qui accompagnent - dans les westerns ou les films d'aventures - la confrontation du héros occidental avec le monde extérieur, hostile, des indigènes. Le spectateur de film noir prend conscience des moments décisifs de l'intrigue, sans même interpréter immédiatement l'image, par l'accentuation musicale qui l'accompagne. La musique renforce l'aspect matériel des thèmes visuel parfois au delà de toute vraisemblance, comme dans les documentaires animaliers de Walt Disney. Mais la musique agit aussi en contrepoint, par contraste et parfois le musicien se tait pour plus d'efficacité : le silence alourdit, par contraste, le suspense ou l'épisode dramatique et la dissonance glace d'effroi, en théâtralisant la tragédie.

Gene Kelly - Singing in the rain
Le mariage entre la musique et le cinéma a une histoire, ses techniques, ses acteurs et ses maîtres d'oeuvre... elle a été fructueuse à la fois pour le cinéma, qu'elle rend vivant, et pour la musique, qui s'ouvre, particulièrement depuis la sonorisation du film, à des horizons nouveaux. La composition musicale pour le cinéma devient un genre spécifique qui a contribué à renouveler la musique symphonique, à l'âge d'or du cinéma hollywoodien ; Par ailleurs, la musique classique fut largement utilisée, parfois à très bon escient, avec la collaboration active des compositeurs, mais aussi en courant le risque d'un dévoiement commercial. Tel spectateur mélomane, critique de cinéma, fut horrifié en voyant le "Fantasia", dans les années 1940, de Walt Disney: jamais plus il ne pourrait assister à une représentation de "l'apprenti sorcier" de Dukas sans l'associer à ...Mickey. Pouvons nous, cinéphiles, écouter les valses de Strauss, sans penser au ballet orbital des stations spatiales de Kubrick ? Pouvons-nous écouter la chevauchée des Walkyries sans bombarder - en imagination - le Vietnam ?

la sélection du PHARE

La musique (de film) existe donc souvent avant le tournage, elle existe aussi après, gagnant une autre vie et commercialisée comme "la bande sonore originale" du film à succès. Quels sont les rapports complexes entre le musicien et le cinéaste ?
Pour tenter de répondre à cette question, la médiathèque d'Uccle - le PHARE - offre une sélection de films - où s'illustre remarquablement l'apport de la musique, non pas seulement comme accompagnement - ce qui est le cas de la quasi totalité des films - mais comme élément essentiel de l'oeuvre cinématographique soit à travers la création musicale intentionnelle (ici s'ouvre la question des rapports, parfois difficiles, entre cinéastes, producteurs et compositeurs) soit à travers l'usage, parfois très créatrice, de musiques préexistantes, usage qui leur donne parfois une seconde vie, mais au risque de "trahir" le compositeur. La musique est parfois une composante du scénario en jouant un rôle précis dans le récit ; elle est souvent le thème central du film - on parcourt ici les diverses variantes, allant du biopic de compositeur ou de chanteur, à la comédie musicale où à l'opéra filmé... Le jazz et la musique contemporaine (rock, pop, et musique populaire) sont naturellement très présents dans le cinéma d'aujourd'hui. On peut examiner à part l'usage de la musique d'avant-garde - sérielle, atonale, dodécaphonique, concrète ou électronique - dans le cinéma expérimental.

Deux ouvrages de la bibliothèque complètent le parcours :

Musique et cinéma : le mariage du siècle ? / sous la direction de N. T. Binh - éd. Acte Sud - N° 103399 - CR : 780:791.4 MUS -

Ce livre richement illustré interroge l'identité propre de la musique de film et propose des réponses spécifiques en s'adressant aussi bien aux cinéphiles qu'aux mélomanes; Préface par le compositeur Alexandre Desplant et enrichi d'entretiens indéits avec des musiciens, des cinéastes et des professionnels, l'ouvrage réunit les meilleurs spécialistes sur le sujet.

Théorie du film : rédemption de la réalité matérielle / Siegfried Kracauer. - éd Flammarion, 2010 -
n° 98414 - 791 KRA t

Philosophe, romancier, journaliste et historien, issu de la République de Weimar, et proche de l'école de Francfort, Kracauer fut également un critique et théoricien reconnu du cinéma. Dans son ouvrage de synthèse, écrit en 1947, il élabore une esthétique matérielle du cinéma et consacre un important chapitre à la musique de film.

sites web


sur le site de Point culture, une page sur "musique classique et cinéma", un parcours thématique allant du muet jusqu'aux sons Dolby, répartis en séquences chronologiques et thématiques

ailleurs



Je retiens ici, c'est un choix tout personnel, quelques oeuvres marquantes associant musique et cinéma.

- Le cuirassé Potemkine - VX1894 - musique de E. Meisel

Ce chef d'oeuvre de Eisenstein bénéficia de l'accompagnement musical du compositeur autrichien Edmund Meisel lors de sa sortie en Allemagne en 1925. Mais l'histoire de la sonorisation de ce film, qui subit la censure en Allemagne, est complexe dans la mesure où les enregistrements originaux furent perdus et le film n'a pu être restauré - dans sa sonorisation des années 1930 (interdite par la suite par les nazis)  - qu'à la faveur de la redécouverte des disques à aiguille destinées à la synchronisation... en URSS, le film fut diffusé par le studio Mosfilm dans une nouvelle version avec une musique composée par Nicolaï Krioukov, qui sera exportée en de nombreux pays. De même, toujours en Russie, le film circula avec un accompagnement musical constituées d'extraits d'oeuvres de Chostakovitch. La partition de Meisel - dans ses différentes version et reprises - est considérée comme l'original, et se rapprochant le plus des intentions initiales du film : elle fut exécutée en étroite collaboration avec le théâtre Piscator et bénéficia de critiques fort contrastées, souvent très élogieuses mais parfois plus nuancées, voire désapprobatrices en raison des innovations audacieuses pour l'époque, en particulier l'usage délibéré du bruitage, des rythmes et des dissonances pour rendre compte des scènes de machine, de combat et du fameux massacre de l'escalier d'Odessa.


- le chanteur de Jazz (Al Jolson) - premier film parlant (et chantant) - VC0889

Ce film musical américain d'Alan Crosland sorti en 1927 est considéré comme le premier film parlant, plusieurs scènes chantées et quelques dialogues étant insérées au milieu des scènes muettes (qui restent cependant les plus nombreuses).
C'est une version cinématographique de la pièce de Samson Raphaelson , qui relate l'histoire d'un chanteur, fils d'une famille juive traditionnelle, réprouvé parce qu'il se livre à la chanson de cabaret. La sonorisation par le procédé Vitaphone de la Warner Bros avait été expérimenté à de nombreuses reprises pour des courts métrages et des films sonores mais Le Chanteur de jazz inclut pour la première fois des dialogues synchronisés à l'image. Et c'est par le biais de la comédie musicale que le cinéma entre dans sa nouvelel dimension : cela montre aussi le lien qui va exister entre Broadway et Hollywood pendant plusieurs décennies.
 
- M le maudit de Fritz Lang (1931) - VX1942 -

Il s'agit du premier film parlant de Fritz Lang et c'est un leitmotiv musical qui hante l'esprit du spectateur. La présence du meurtrier pédophile (interprété par Peter Lorre) est soulignée par un extrait de la suite du peer Gynt de E. Grieg ("Dans l'antre du roi de la montagne") sifflée de manière obsessionnelle par le criminel. L'utilisation du leitmotiv musical est encore une nouveauté en 1931. Il ne sert pas seulement à créer une ambiance mais a une finalité scénaristique précise : en premier lieu il exacerbe le suspense en signifiant la présence, hors champ, de l'assassin mais constitue la clef du dénouement : un marchand de ballon aveugle reconnaît le tueur, recherché en vain par la police, grâce à la chanson qu'il siffle.

- Prova d'orchestra, de Fellini (1978) - VR1505

Si la musique est présente dans ce film, c'est en tant que production sociale. Une équipe de télévision filme les répétitions d'un orchestre symphonique et interviewe les musiciens qui confient au reporter, qu'on ne verra jamais, leur point de vue subjectif, et marqué par un individualisme exacerbé, sur leur rôle dans l'orchestre. Le chef d'orchestre arrive, la répétition commence mais son autoritarisme suscite la rébellion parmi les musiciens qui se comportent plus en salariés syndicalistes qu'en artistes préoccupés par l'oeuvre qu'ils interprètent. Métaphore d'une certaine déliquescence sociale, Prova d'orchestra interroge d'une manière ironique et critique les rapports à l'autorité, l'individualisme et les attitudes anarchisantes. On pourrait y voir un bilan négatif de la génération 68 mais aussi une peinture désenchantée d'une utopie : celle d'une créativité spontanée, d'une révolte artistique (fluxus ou les situationnistes ne sont pas loin) interrompue brutalement par la démolition de la salle de répétition - métaphore de la crise économique ? - et aboutissant à la soumission finale des rebelles.